Une participante raconte son premier marathon

by | Avr 9, 2018 | Réflexion

Récit de mon 1er Marathon

Milan, le 2 avril 2017

Voilà, après 5 mois d’entrainement, c’est le jour J.

La veille, après une excellente assiette de pâte à l’italienne, je me suis couchée tôt. La nuit s’est bien déroulée jusqu’à 4h30. Après, c’est l’agitation dans ma tête. Je tourne, retourne, re-retourne sans trouver vraiment le sommeil. L’appréhension et l’excitation sont bien présentes et se mélangent dans ma tête.

Je mets le pied hors du lit à 6h20.

Tout est prêt et chronométré depuis la vielle.

Je file sous la douche. Je profite de l’eau qui coule sur mon corps pour prendre conscience de chaque  partie qui va être mise à contribution aujourd’hui. Je mets un tout petit peu de crème Nock, qui fortifie mes pieds afin d’éviter la surchauffe et les cloques. Ça fait trois semaines que mes petits petons ont droit à ce traitement de faveur.

Je mets mon training et fais ma tresse plaquée, celle que j’ai choisie pour courir ce fameux marathon. Je sais qu’elle va tenir tout le long et qu’elle ne me gênera pas avec ma visière Compressport, qui elle, évitera que la transpiration coule dans mes yeux. Je dois m’y reprendre à plusieurs fois. Le stress m’envahit et mon petit bout de chou fait irruption dans la salle de bain ce qui me fait tout lâcher. Je recommence une nouvelle fois. Cette fois, c’est la bonne.

Je pars seule, à 6h50, au petit déjeuner. Mes hommes me rejoindront plus tard. Enfin, seule, façon de parler. La salle est bondée de coureurs en training. J’ai de la peine à trouver une place de libre.  Pour finir, j’en trouve une au bout d’une table haute, vers la fenêtre.

Je fais au moins quatre fois le tour du buffet pour trouver ce dont j’ai besoin. Après plusieurs tests, seules mes tartines « pain, beurre, confiture » me conviennent avant de courir. Un bon expresso à l’italienne, enfin deux, sont nécessaires. J’ai aussi ma gourde de boisson avant effort, nécessaire pour cet évènement.

Tous les coureurs se dévisagent. Certains sont dans leur bulle, certains sont très expressifs « À l’italienne ». On est tous là pour la même raison,  cette fameuse distance de 42,195km.

Mes accompagnateurs me rejoignent et débutent leur petit déjeuner. Quel plaisir de les avoir à mes côtés pour ce challenge. Je partage un petit moment avec eux, mais il est vite temps de retourner à la chambre afin de finir ma préparation.

Tout est prêt, trié par pile. D’un côté les habits et accessoires pour le marathon :

  •  Un short, un T-shirt, les sous-vêtements de sport
  • Une paire de chaussettes de trail afin d’éviter les cloques
  • La ceinture de running, avec une gourde d’eau mélangée au sel du Dr Schüssler spécial muscles et articulations, mes cinq gels « détox, speed fruit, speed neutre et coca » et quatre pastilles d’arnica qui fondent sous la langue
  • Mes chaussures customisées d’un petit scotch bleu de carrossier en croix, car la toile à un petit peu cédé lors d’un entrainement avec le club !

Je glisse également dans la poche arrière de mon short une petite pochette plastique avec un billet de métro et 20 Euro. On ne sait jamais ….

De l’autre côté, une autre pile avec le sac avec des affaires après marathon :

 Habits de rechange

  • Lingettes nettoyantes. Eh oui, il n’y a pas de douche à disposition après la course. Alors l’organisation a généreusement donné à chaque coureur 2 paquets de lingettes parfumées. Ce sera la toilette du petit chat !
  • Ma paire de « full legs » Compressport pour la récupération
  • Une paire de baskets de rechange
  • Ma boisson après effort

Je passe aux toilettes avant de partir. Je dis au revoir à mes accompagnateurs et m’en vais à 8h35 pour le départ de la course.

Il a plu cette nuit et la température est un peu descendue. C’est parfait pour courir.

L’hôtel est situé à 750m du départ. Il suffit de traverser la rue, marcher 50 mètres, monter des escaliers, retraverser la route et le parc est là. Plein de coureurs ont envahi les lieux. Certains se changent, d’autres profitent de faire des selfies de groupes, d’autres encore se dandine afin de se mettre dans l’ambiance en écoutant la musique.

Je croise une petite meute de Kenyans qui s’échauffent. C’est beau de voir ses gazelles.

Je vais directement au camion afin de donner mon sac. C’est déjà les bouchons « humains». Je me vêtis de mon joli sac-poubelle 110L afin de me tenir au chaud encore un moment. Après c’est le passage obligé aux toilettes. Il y a 15-20 minutes d’attente  environ pour un pipi et quand on a la chance de pouvoir accéder au lieu dit… l’odeur laissée par les milliers de coureurs avant moi me retourne l’estomac. Vite fait bien fait, je ne m’attarde pas là !

Il est 9h10. Il est temps de regagner mon bloc de départ, le numéro 6.

Je me retrouve sous un haut-parleur, plein tube qui me perce les tympans. Il est 9h20 et la chanson « Sunday , na na na na na na, na, Sunday,….» commence à faire bouger les coureurs. L’ambiance monte ! Je réalise que j’y suis.

À 9h30 des ballons sont lâchés, un pétard se fait entendre, c’est l’heure du départ des premiers blocs.

9h33, c’est mon tour d’enclencher mon chronomètre, je commence ma course. Les premiers pas se font hésitants. La foule est au rendez-vous pour encourager tous les coureurs. Mon stress s’en va dès les premiers pas de course. Je vois mes accompagnateurs qui sont là pour m’encourager et avoir le premier temps qui fera la base de calcul pour les prochains rendez-vous, des points fixés la veille. Je suis tellement contente qu’ils soient là.

Il faudra plusieurs kilomètres pour commencer à disperser un peu les coureurs. À certains endroits, on est à l’allure du pas pour passer les contours. Ça passera !

La course va s’alterner entre bitume et gros pavés. Je dois bien regarder où je mets mes pieds, car ce n’est pas droit et il y a également les rails du tram. Il ne faut surtout pas mal poser son pied au sol. Je privilégie les trottoirs pour éviter ceci et le surplus de coureurs.

C’est bon, je suis enfin dans mon allure de 5’30 au km. Mon corps s’est approprié cette vitesse durant ces derniers mois. Il l’a connaît bien. Il se cale là dessus.

On passe devant la tour Unicredit qui est le plus grand gratte-ciel d’Italie. Je reconnais le Bosco vertical, qui est un incroyable complexe architectural (je me demande d’ailleurs comment certains arbres tiennent sur cette structure magnifique !) et la gare Centrale de Milan où on est arrivé hier matin à 9h38.

Au 2e kilomètre, j’entends parler français. On se sourit, on se salue. Quelques Parisiens  et un gars de Perpignan. C’est sympa de parler quelques mots en français. Bon et bien bonne course je lance aux francophones. J’ai décidé de ne m’attacher à personne. Je cours seule.

Au 5e kilomètre, c’est le moment de prendre mon premier gel « détox ».

Dans 500m, il y a le premier ravitaillement en eau. J’ai prévu de m’arrêter à tous les ravitaillements, soit tous les 5km. Je vais m’arrêter, prendre une bouteille d’eau plate, marcher 20-30 secondes en buvant, jeter la bouteille et repartir à la même allure de 5’30 au kilomètre.

Entre le 7e et le 8e kilomètre, le Dôme se dresse devant moi.  C’est spectaculaire ! Je profite de chaque instant pour lever les yeux au ciel et l’admirer. Un vrai bonheur !

À la fin du 8e kilomètre, mes accompagnateurs sont au rendez-vous comme prévu. J’entends crier mon nom, je les vois et ça me fait du bien de savoir qu’ils sont ici, pour m’encourager. A bientôt les copains !

Je passe devant le Castello Sforzesco et la Piazza Cadorna. Je ne sais pas si j’ai les sens qui sont amplifiés, mais j’apprécie tous ces changements de décor et cette découverte de la ville. J’adore !

Au 10e km c’est le ravitaillement en eau. Je continue avec toujours le même objectif. Je saisis une bouteille, je marche 20-30 secondes, je bois et c’est reparti. Pour le moment, je pourrais très bien m’en passer. Mais il faut penser aux 32 prochains km. Alors je suis mon plan. Je suis sûre que ça paiera tôt au tard. Il faut se ménager.

11e, 12e, 13e, 14e ce n’est pas évident. C’est une très longue rue toute droite qui descend et qu’il faudra remonter une fois arrivée tout en bas après avoir fait le rond point. En descendant, je vois ceux qui remontent déjà. Bientôt ce sera mon tour d’être de l’autre côté de la route.

Au 13e kilomètre, il est temps de prendre mon gel « speed fruit ». Mon corps ne me le réclame pas, mais je suis le timing que je me suis fixé lors des entrainements. J’ai prévu d’en prendre dorénavant tous les 8km.

Au 14e kilomètre, c’est là que ma petite douleur à la cheville droite a décidé de me taquiner. Ahhh non, c’est trop tôt, beaucoup trop tôt ! C’est exclu qu’elle s’invite à cette course.  Elle n’est pas la bienvenue. Je prends une pastille d’arnica sous la langue. On verra ce que ça donnera.

Au 15e kilomètre, la douleur s’en va. Je ne crie pas victoire, mais l’arnica m’aide, ou les endorphines sécrétées pas mon corps. Qui dit 15e dit petite bouteille d’eau, marcher 20-30 secondes en buvant et s’est reparti, je retrouve mon allure de 5’30 au kilomètre.

Au 16e kilomètre, je passe vers City Life. Ces tours qui sortent de terre et se dressent devant moi, le spectacle est juste génial ! J’ai toujours la pêche et le fait de découvrir cette ville m’emballe. Je regarde régulièrement ma montre, pas pour avancer plus vite, mais pour ne pas avancer plus vite que 5’30 au kilomètre. Nico, mon coach m’a bien briefée, la course va commencer au 21e kilomètre. Donc, ne pas dépasser les 5’30.

Je reconnais maintenant un peu le quartier, on est venu en métro hier en fin de matinée.  C’est MicoLab où je suis venue chercher mon dossard au village du marathon. J’y repasserai vers le 35-36ème kilomètre.

Il est temps de quitter un peu le centre-ville pour voir la verdure. Ça change ! Monte Stella et l’hippodrome, c’est le 20e kilomètre. C’est l’arrêt pour le ravitaillement en eau.

Après un peu mois de 2h00 de course, c’est le 21e kilomètre. Je dois prendre mon gel « speed fruit » et c’est la moitié de la course.

Ça fait une drôle d’impression. Je cours maintenant vers une distance inconnue dont je n’ai pas de recul. C’est nouveau pour moi et je franchis le pas. On verra, je continue toujours à la même allure. Les coureurs se sont parsemés depuis un petit moment déjà. C’est plus facile. Il y a moins de dépassements, c’est beaucoup plus fluide.

Les spectateurs sont toujours au rendez-vous. C’est génial ! Je pense que les stations du marathon relais aident beaucoup. Il y a plus de monde à ces endroits et ceux qui vont bientôt se mettre à courir déstressent en encourageant les autres coureurs.

Foza, Forza, Avanti touto, Avanti Avanti ! Daï ! Manifico ! Bravissimo…..,

ils n’arrêtent pas.

Au 25e kilomètre, signe mon arrêt pour le ravitaillement en eau. Pas de changement à mon habitude, je m’arrête, je prends ma bouteille d’eau, je marche 20-30 secondes et je repars tout en retrouvant ma cadence de course. Je profite de l’occasion pour reprendre de l’arnica, je sens que ma petite douleur à la cheville droite se réinvite à l’évènement.

Mes jambes commencent à s’alourdir et à être moins dynamiques. Toutefois, je maintiens mon allure, celle que mon corps connaît bien. Je ne regarde plus ma montre pour la vitesse à ne pas dépasser, mais juste pour s’avoir quand il y aura mon arrêt eau et le moment de la prise de mon prochain gel. L’allure m’importe peu maintenant.

Au 28e  kilomètre, mes accompagnateurs sont là, au rendez-vous fixé. Ce que ça fait du bien de les voir et d’entendre leur voix. Mes émotions sont ressenties fois mille. Ils me sourient et je prends toutes ces ondes positives pour moi. Allez mes cocos, je continue. À bientôt !

Au 29e kilomètre c’est l’heure du gel ! Miam. Tiens ça me fait penser que je n’ai pas encore pensé à la nourriture. Hahaha, c’est rare venant de moi. En courant, je pense très, voire très très très souvent à ce que je vais manger après. Si je dis ça au club, ils ne vont même pas me croira ;O)

Voilà le 30e kilomètre et le ravitaillement en eau. Pas de changement à mon habitude, je m’arrête, je prends ma bouteille d’eau, je marche 20-30 secondes en buvant, je jette ma bouteille et je repars en courant. Je remarque que je regarde moins le paysage. Il y a de plus en plus de coureurs qui se mettent à marcher. Je me concentre sur mes pas.

J’appréhende un peu ce fameux 30-32ème kilomètre, mais ça y est, j’y suis et je cours toujours. Je pense que ma technique commence à payer par rapport aux autres. Merci Nico de m’avoir appris à me freiner ! C’est plus que gagnant ! Je cours toujours et le plaisir est toujours là. Plus que 10-12km !

Je tombe sur un groupe de coureur très sympa. On ne peut pas les louper, c’est les seuls qui parlent encore. Et ils parlent TRES TRES FORT. Ils courent en groupe de 8-10 environ. Je ne comprends pas ce qu’ils disent, mais je sens qu’ils n’arrêtent pas de se chambrer ou de chambrer les coureurs qui font pipi le long du parcours. Ils courent juste à côté de moi. On se regarde, on se sourit, ça fait du bien ! Les émotions sont décuplées et je prends tout ce qu’il y a à prendre. Tous les kilomètres, ils se remettent à hurler :

Buongiorno Milano, Buongiorno Milano ! Magnifica ! Ciao ! Bravo…

Ils s’applaudissent mutuellement. C’est génial !

Ils n’arrêtent pas, tous les kilomètres ils remettent ça. Quelle ambiance. Du coup je lance haut et fort

« Et viva Switzerland », les bras levés au ciel!

Et là, l’équipe d’italien reprend encore plus fort. Bravo ! Bravo ! Swizeria ! Magnificao ! Bravo ! Le temps passe plus vite.

Je revois mes accompagnateurs. J’ai failli les louper. Je ne me souvenais plus de ce rendez-vous. Je crois que mes neurones ne fonctionnent plus totalement, mais ce que ça fait du bien de les voir, même quelques secondes. Je cours toujours.

Je dirai que depuis le 32e kilomètre, j’avance en me nourrissant des regards des spectateurs, des sourires, des clins d’œil, des encouragements. Un regard suffit, aux applaudissements, ça me fait avancer.

Mes jambes sont de plus en plus lourdes et statiques. J’avance … Je continue, prochain arrêt au 35e kilomètre pour ma bouteille d’eau et mes 30 secondes de marche. Et c’est reparti. J’ai repris de l’arnica, ça me fait du bien, ça doit être psychologique.

Au 36e c’est mon dernier gel, le cola. Je ne l’ai jamais testé, mais je le prends. Si j’ai toléré les autres de cette marque, il passera aussi. Allez, c’est le dernier ! Je suis maintenant au Parco del portello. C’est superbe. On monte sur en rambarde pour passer un pont. J’arrive à faire la montée sans trop de difficultés alors que les autres marchent du plus en plus. La beauté du lieu ne me fait oublier quelques secondes à la lourdeur de mes jambes.

Je commence à reconnaître un arrêt de tram et le cimetière de hier. C’est bon, on revient vers le centre de Milan. Yesss !

Les pavés sont au rendez-vous. Ça commence à devenir pénible. Il faut lever les pieds pour ne pas trébucher. Je n’arrive plus trop à lever mes jambes convenablement. Impossible d’aller sur le trottoir pour les éviter. Il faudrait pouvoir plier les genoux et là ce n’est plus trop possible. L’angle s’est nettement réduit, il s’est figé au minimum.

Mais j’avance. J’avance toujours. C’est le mental qui prend le dessus. Je me fixe mentalement sur mon prochain arrêt boisson et mes 30 secondes de marche. Je me nourris toujours des encouragements du public, ça m’aide.

Depuis maintenant, je me mets en mode compte à rebours. Je compte à plusieurs reprises le nombre de kilomètres qui me sépare de l’arrivée sur mes doigts. Mon cerveau est en mode « off », je m’y reprends au moins à cinq ou six fois.

6km…..5km…..4km…… Je cours toujours, je mets un pied devant l’autre ….. Je cours.

Au coin,  je vois la pancarte du 40e kilomètre. Yes, je vais y arriver, j’en suis certaine maintenant. C’est mon dernier arrêt boisson avec 30 secondes de marche. Je pourrais m’en passer pour le dernier kilomètre, mais non, je poursuis ma stratégie, car elle est gagnante jusqu’à maintenant. Mis à part les ravitaillements, je ne me suis pas arrêtée pour marcher. Ce rythme me convient parfaitement. Pour la fin, je me laisse tenter par un quartier d’orange, quel régal ! Je sens le jus et la pulpe envahir ma bouche, que du bonheur !

Je me remets à courir. Il y a de plus en plus de spectateurs, l’ambiance de plus en plus forte. J’ai l’impression qu’on m’a mis des pavés en béton dans les jambes. C’est des cailloux durs. Elles sont hyper lourdes et de moins en moins flexibles, mais je tiens, je cours. Je cours toujours.

Au 41e kilomètre, je dis à haute voix et sans m’arrêter, plus qu’un km, plus qu’un km, plus qu’un km, plus un km, plus qu’un km… Je n’arrête plus de me le dire. Mes jambes sont plombées, mais je cours toujours. Plus qu’un km, plus qu’un km, plus qu’un km… Le coureur à côté de moi dit uno, uno, uno, uno, …. On doit avoir la même technique pour finir cette course et pour avancer.

Je revois ma famille à environ 500 mètres de l’arrivée. YES, j’arrive, plus qu’un km, plus qu’un km, plus qu’un km, … 400m.. plus qu’un km, plus qu’un km, plus qu’un km… 300m de l’arrivée. Plus qu’un km, plus qu’un km.

Je vois le chronomètre au fond qui annonce 3h59 et environ 40 secondes. Ahhh non, pas question, mes jambes se mettent à accélérer, accélérer, et encore accélérer. L’émotion me gagne, je vais le faire !

J’avais imaginé et je pensais pleurer à ce moment-là, mais mon corps n’a pas assez d’eau. J’ai les mimiques sur le visage de quelqu’un qui pleure, mais sans les larmes. C’est magnifique cette émotion !

J’accélère, j’accélère, le chronomètre tourne 3h59 et 59 secondes …..

J’accélère, mais pas assez vite. Je passe la ligne à 4h00 et 7 secondes. Je ne suis aucunement déçue. Je l’ai fait, j’ai couru mon premier marathon … Mon cerveau fonctionne plus qu’à 15%, tout comme mes jambes d’ailleurs. J’ai l’impression qu’entre les deux, il n’y a plus de connexion.

Une fois passée la ligne, je marche. Je savoure ce moment. Je l’ai fini, je l’ai fait. J’ai de la peine à réaliser.

Je longe les barrières en marchant. C’est à ce moment que je me rends compte que je dois être en dessous des 4h00, car le chronomètre est basé sur le temps du début de course et non de mon départ sur la ligne de départ. Ouaouuuuu je l’ai fait ! Je suis fière de mois. Fière de ces 5 mois d’entrainement. Fière de ce que je viens d’accomplir.

J’ai couru un marathon

42,195 km

l’année de mes 42 ans.

Je savoure ce moment.

Maintenant, il ne faut surtout pas s’asseoir, car il sera impossible de me relever. Ne pas s’asseoir par terre.

Je marche, je m’appuie contre le grillage de sécurité, j’étire mon dos à plusieurs reprises.

Je revois le groupe de coureur italien qui avait mis l’ambiance vers le 30e kilomètre. Ils se congratulent les uns et les autres. Je passe à côté et les regards se croisent. Une sorte de respect se ressent, un hochement de tête, un sourire, c’est magique ces moments. Je l’ai fait. On l’a fait ! Bravissimo !

Je finis le couloir et reçois ma médaille. Je choisis soigneusement celui qui me la mettra au coup. J’ai même envie de lui faire la bise tellement je suis contente. Pour moi, cette médaille c’est de l’or. Je l’ai méritée.

Je suis sur un nuage et je pense que je ne vais pas redescendre de sitôt.

Je reçois un sac plein de choses à manger et à boire. Je ne pense plus qu’à une chose, aller chercher mon sac au camion afin de boire ma boisson après effort. J’ai de la chance, la récupération du sac est rapide.

En buvant ma gourde, je vais à la tente vestiaire des femmes. Elle est presque vide, à peine une vingtaine de coureuses. Je me trouve un endroit et m’assois enfin sur un banc.

Pour enlever mes habits, je dois me contorsionner. Il est difficile de se relever et de se rasseoir. Entre femmes, on se regarde et on se sourit. On est toutes dans le même état. C’est limite qu’on se mette à rire de la situation. La toilette du petit chat à la lingette rafraichissante est comique tout de même. Ce que je donnerai pour une bonne douche afin de ressentir, tout comme ce matin, l’eau couler sur toutes les parties de mon corps.

Je badigeonne ensuite mes jambes de crème DulX après sport et mets mes full legs. Mes jambes vont devoir encore supporter les 3h20 de train pour le retour en Suisse en fin d’après-midi.

Je quitte la tente et rentre à l’hôtel. Les 750m parcourus ce matin me semblent plus longs. Le trajet se fait au ralenti. Il va falloir descendre les escaliers. Je repense à la vidéo de Nico après le marathon de Valence. Oui c’est bien ça, je les descends en mode « crabe » et difficilement. J’en souris tellement c’est comique.

En arrivant à l’hôtel, ma famille me félicite et me dit qu’ils m’ont trouvée « fraiche » pendant toute la course. Qu’ils étaient super étonnés. C’est génial, ça reflète bien ma course, la maitrise de la vitesse, mon objectif et surtout mon plaisir !

Mon fils est aussi très fier de sa maman. Il est tout content de me revoir et à quelques choses à me donner.

Mes proches m’ont acheté, vers le Dôme, un cadeau pour me féliciter de ce premier marathon. Je suis « émotionnée ». Je sais, cela ne ce dit pas comme ça m’est c’est bien ces paroles qui sont sorties de ma bouche à ce moment. Ce cadeau me touche beaucoup plus que ce qu’ils pourraient penser. Beaucoup beaucoup plus.

Je savoure ce moment, car mes émotions sont toujours multipliées par mille.

À la fin de l’écriture de mon récit, je reçois par email les photos du marathon. Quelle coïncidence ! Je constate que sur chaque photo, j’ai la banane. Ca reflète tout à fait le plaisir d’avoir effectuer mon

Premier marathon

 

Caro

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